lundi 23 mai 2011

Etat des lieux


Où en est la halle de la Martinière ?

A ce jour l’appel d’offre est en cours d’élaboration mais sa date de publication demeure inconnue. Comme en 2003, la formule retenue est un contrat de bail emphytéotique associé à des travaux de rénovation.

Après des déclarations contradictoires [1] cette information est publique depuis bientôt   3 mois [2]. Mais depuis, aucune précision n’a été apportée : malgré le soutien de plus de 2500 signataires, malgré plusieurs demandes formulées par des élus, la mairie centrale ne communique pas sur ce dossier et n’a toujours pas précisé ses intentions.


Fausse remise aux normes, fausse urgence

La halle de la Martinière fonctionne. Elle abrite des commerces sur la moitié de sa surface et pourrait aisément être à nouveau remplie, à condition de permettre à de nouveaux commerçants de s'y installer [3].

La mairie de Lyon fait valoir la “nécessaire” remise aux normes de cet équipement, l’argument est largement repris par la presse locale, pourtant il est erroné. Son état général réclamerait une rénovation, mais le bâtiment est bien aux normes  au sens où il est habilité à recevoir du public : aucun bureau de contrôle n'a jugé qu'il présentait un danger pour les usagers, auquel cas il aurait été fermé [4].

En revanche sans doute n'est il pas aux normes  d'une certaine de vision de la ville, fort bien résumée par le programme des travaux envisagés : remplacer les murs par des vitrines. Il est en effet vraisemblable que la vitrine  soit devenue la norme... Mais pour autant rien ne rend urgent une telle remise aux normes, pas même les touristes qui y passent et regrettent simplement de ne pas y trouver plus de commerces.


Un abandon programmé

La halle de la Martinière est gérée en régie par la mairie de Lyon, plus précisément par la Direction de l’économie, du commerce et de l’artisanat  [5].

Mais depuis toujours elle ne fait l'objet que d'une maigre attention : les dépenses allouées à cet équipement sont des plus restreintes, l’entretien et le nettoyage sont rudimentaires (ils sont en réalité assurés par les commerçants)… L’abandon est délibéré, il résulte d’une intention avérée (cf Chronologie) de se débarrasser de cet équipement.
La mairie aurait beau jeu de constater à nouveau son état “vieillissant” et sa “faible attractivité” pour les commerçants : elle a elle même provoqué cette situation.

A Lyon comme dans beaucoup de (communautés de) communes la mode n'est plus à la gestion en régie, ni au service public. Seuls les équipements de prestige comme la halle Paul Bocuse captent toutes les attentions (et les budgets) au détriment des petites structures [6].


Un pack  rénovation - exploitation
 
Derrière la fausse urgence des considérations architecturales se trouve la gestion au long terme de cet équipement. L'exploitation du bâtiment constituant la contrepartie de travaux (considérés comme nécessaires), la formule s'apparente à un contrat de type Partenariat public-privé. Le fait d'associer travaux et exploitation conduit forcément à une option de ce type qui constitue une privatisation de fait, dans bien des cas défavorable aux usagers [7].

La taille de la halle de la Martinière rend cette option d'autant plus étrange : 432m² !
Des travaux de réfection seraient évidemment modiques dans le budget de cette ville, puisqu'ils ont été rapidement (et largement) estimés à 1M d'€.

D’autre part même un petit programme comme celui ci peut bénéficier de sources de financement diverses. C'est probablement le cas des travaux réalisés sur la halle Bocuse, qui reste exploitée en régie malgré une charge d'exploitation autrement plus élevée. Quant aux travaux réalisés sur cette halle, leur montant est environ 100 fois supérieur à ceux réalisés sur la halle de la Martinière [8].

Difficile de comprendre les motivations d'un tel choix pour ce modeste équipement qui reste néanmoins l'une des 2 halles de Lyon figurant dans tous les guides touristiques, et surtout un équipement d’un intérêt majeur pour les habitants du quartier.



[1]   Voir cet article de 20 minutes du 14 octobre 20 10 : La mairie dément un projet de rachat

[2]   Le 1er article recensé (page Presse) date du 11 mars 2011

[3]   Depuis quelques temps les nouvelles candidatures sont rejetées. Mais beaucoup de commerçants sont découragés par un règlement (apparemment hérité du XIXè) qui impose des baux précaires d’une durée d'1 an : une telle durée n'est évidemment pas compatible avec les investissements nécessaires (chambres froides etc...).

[4]   La conformité du bâtiment est validée périodiquement par des bureaux de contrôle, elle concerne la sécurité (incendie en particulier) et l’accessibilité. La conformité des boutiques est également vérifiée périodiquement, elle concerne l’hygiène et la sécurité.

[5]   La DECA est dirigée par Marie-Odile Fondeur, conseillère du 8è arrondissement, et également par ailleurs Directrice du Pôle Agroalimentaire de Sepelcom  (en réalité une filiale du groupe GL Events) et Directrice du SIRHA, le salon de la gastronomie d'élite (un “produit évènementiel ” de GL Events) qui se tient tous les 2 ans à Eurexpo (un équipement privatisé et confié à GL Events)... La proximité d'intérêt entre la mairie de Lyon et cette société privée est un fait notoire, on en trouve quelques traces (entre autres) sur le site que Marie-Odile Fondeur a dédié à sa personne, ou encore dans Lyon People… en revanche il semble étrangement absent du site de la mairie.

[6]   C'est également le cas dans le domaine de la Culture où l'Opéra de Lyon engouffre des budgets conséquents au détriment des petites compagnies.

[7]   En France et ailleurs les PPP sont connus dans le secteur de la distribution de l'eau : dans ce secteur il conduit toujours à une hausse des tarifs, et à finalement enrichir les grand groupes aux frais des usagers (à tel point que beaucoup de municipalités reprennent la distribution de l'eau en régie). Ce type de procédure est largement généralisé par des directives issues du Traité de Lisbonne et de son sacrosaint principe de libre concurrence ; dans la pratique il mène droit à un dumping économique et social, désormais ordinaire, et dont voici par exemple un récit parmi d'autres.

[8]   La Halle Bocuse accueille 58 commerces, tandis que la Halle de la Martinière peut potentiellement en accueillir une dizaine. Les travaux réalisés sur la halle Bocuse s’élèvent à près de 8 millions d’euros : mise aux normes et embellissement (6M €), réfection de la toiture végétalisée (1.84M €), déplacement d’un transformateur. Quant à l’exploitation de cette halle elle impose un agent de sécurité permanent, et elle a occasionné plusieurs animations subventionnées. 
Au cours de ces 10 dernières années la halle de la Martinière a couté moins de 90 000 € d’argent public, son cout d'exploitation a été vraisemblablement inférieur à l'apport des loyers.



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